Au cours du siècle dernier, plus de la moitié des zones humides en Europe et dans le monde a disparu (CEE, 1995).
Notre pays n’est pas épargné. En septembre 1994, le rapport du préfet Paul BERNARD concernant l’évaluation des politiques publiques en matières de zones humides, mettait en évidence la régression continue des surfaces de zones humides en France, ainsi que les incidences des différentes législations et aides publiques de l’État et des collectivités sur la disparition de ces zones.
Les causes de cette régression sont nombreuses : effets de la politique agricole (drainage, remembrement...), urbanisation, grands projets d’aménagements et travaux d’infrastructures, boisements, remblaiements, recalibrage des cours d’eau, aménagements hydroélectriques, extraction de granulats, etc.
Encore aujourd’hui, en dépit de la prise de conscience du rôle de ces milieux et de la mobilisation pour leur protection, la tendance ne s’est pas inversée et les zones humides restent menacées.
Avertissement : les zones humides ne font pas partie des masses d’eau telles que définies par la directive cadre sur l’eau (DCE 2000). Compte tenu de leurs interactions avec les milieux aquatiques, leurs rôles pour la reconquête du bon état des eaux est admis par tous.
ENJEU : UN PATRIMOINE UTILE QUI REND DE NOMBREUX SERVICES
Le livret argumentaire en faveur de la préservation et la restauration des zones humides, élaboré par le comité de bassin Rhône-Méditerranée, invite les décideurs et acteurs des territoires à s’emparer des bénéfices que peuvent apporter les zones humides sur leur territoire pour mieux les prendre en compte dans leurs projets.
Redonner un fonctionnement naturel aux zones humides altérées par certains aménagements et activités humaines est en effet un des moyens reconnus et efficaces pour retrouver le bon état écologique des eaux. Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) 2016-2021 en vigueur et le projet de SDAGE en cours de révision pour 2022-2027 invitent à agir concrètement en ce sens. Au-delà de leur contribution au bon état des eaux, les zones humides sont des infrastructures naturelles indispensables au bon équilibre de nos territoires, tant sur le plan environnemental que socio-économique. Elles offrent de multiples bénéfices : atténuer les effets du changement climatique, se protéger contre les crues, favoriser la biodiversité, améliorer la qualité de l’eau, contribuer au développement économique, au lien social et à la qualité du cadre de vie des territoires concernés … Ce livret, pédagogique, présente pour chacun de ces domaines des résultats issus de retours d’expérience et des témoignages sur des cas concrets. Il aborde les grands principes de la préservation et de la restauration des zones humides et précise les contacts et les documents ressources sur lesquels s’appuyer.
Et si les zones humides étaient un atout pour mon territoire ? (PDF/11 Mo)
Pourquoi préserver les zones humides ?
Parce qu’elles rendent des services indispensables à la collectivité. Ces infrastructures naturelles assurent des fonctions hydrologiques (écrêtement des crues et zones d’expansion des inondations), physiques et biogéochimiques (qualité de la ressource en eau) et biologiques (réservoirs de biodiversité : habitats, espèces, ressources génétiques) qui rendent de nombreux services d’intérêt général à la collectivité (protection contre les crues, alimentation en eau potable et soutien de la production d’eau à usage agricole et industriel, productions agricoles, piscicoles et sylvicoles, aménités…).
En particulier, les zones humides jouent un rôle important en matière de :
1/ Régulation de la ressource en eau
Les zones humides participent à la régulation des régimes hydrologiques. Elles jouent un rôle tampon hydraulique variable selon leur nature et leur contexte géomorphologique en «absorbant» momentanément une partie des excès d’eau de pluie pour les restituer progressivement dans le milieu naturel (cours d’eau à l’aval, recharge des nappes phréatiques). Elles peuvent ainsi limiter l’intensité des pics de crue par écrêtement (jusqu'à leur saturation) et participer au soutien des débits des cours d’eau en période d’étiage (exemple : prairies humides, forêts alluviales, tourbières...). Dans les plaines alluviales fonctionnelles, le champ d’inondation contribue à l’expansion des crues et à la protection des personnes et des biens.
2/ Contribution à la qualité des eaux
En agissant comme des filtres naturels (sols, végétations), les zones humides améliorent la qualité physico-chimique de l’eau et contribuent au bon état écologique des masses d’eau. Elles favorisent le piégeage (filtre physique), et la transformation (cycles biogéochimiques) d’éléments minéraux et organiques comme les matières en suspension, les nitrates ou encore certaines substances toxiques ou métaux lourds.
Elles ne doivent pas pour autant être considérées comme des systèmes d’épuration naturels qui peuvent rendre des services directs aux collectivités pour abattre des résidus de charge polluante. C’est aux infrastructures humides artificielles d’assurer ce rôle en reproduisant ces processus dans un espace confiné et fermé pour traiter des effluents de sortie de station d’épuration ou des rejets d’eau pluviale avant retour dans le milieu naturel.
3/ Réservoir de biodiversité
Les zones humides abritent plus de 30 % des espèces végétales et animales remarquables et menacées en France : plantes hygrophiles, oiseaux (y compris migrateurs), poissons, batraciens et insectes, etc. Elles contiennent aussi de nombreux habitats naturels dont certains sont d’intérêt communautaire.
Les zones humides jouent un rôle de réservoir de biodiversité, offrant aux espèces végétales et animales qui y sont inféodées, les fonctions essentielles à l’exécution de leurs cycles biologiques : alimentation (eau, éléments nutritifs, proies) ; reproduction (diversité des habitats, ressources alimentaires, territoire de ponte…) ; fonction d’abri, de refuge et de repos pour un grand nombre d’espèces animales (amphibiens, oiseaux, poissons, mammifères…). A ce titre elles participent à la trame écologique (cœur de biodiversité, corridor écologique).
4/ Autres fonctions
Les zones humides sont également le support de nombreuses activités humaines économiques (pisciculture, conchyliculture, saliculture, agriculture…), récréatives (chasse, pêche), culturelle (sensibilisation, éducation à l’environnement) ou de loisirs (promenade, observation des espèces).