Octobre 2018 : début de recharge au sud du bassin

Vignette

Les précipitations du mois d’octobre ont permis de recharger les nappes et d’améliorer les débits des cours d’eau du sud du bassin cependant la situation reste préoccupante dans le nord du bassin et le long de l’axe Rhône. Les débits moyens mensuels du Rhône et de la Saône restent exceptionnellement bas. Le niveau des nappes d’eaux souterraines reste globalement à la baisse pour les régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

Les mesures de limitation des usages de l’eau sont encore en vigueur dans 16 départements en alerte renforcée pour les eaux superficielles; dans 7 départements, le niveau de crise est atteint sur plusieurs bassins versants des départements de Côte d’Or (21), Saône-et-Loire (71), Doubs (25), Haute-Saône (70), Territoire de Belfort (90), Ain (01) et Savoie.

 

(mis en ligne le 15 novembre 2018)

 

Contraste important entre sud et nord du bassin en Octobre : début de la recharge des ressources en eau dans le sud du bassin parfois accompagnée de crues violentes et une situation encore très déficitaire sur le nord du bassin

1. pluviometrie

 

La douceur caractérise le mois d’octobre 2018 avec des précipitations plus importantes sur la région Rhône aval que sur celle de Rhône amont. Sur l’ensemble du mois, la différence par rapport à la normale est de +1°C au dessus de la normale sur l’ensemble du bassin. Les cumuls de précipitations sont élevés sur toute la partie sud du bassin voire très élevés sur toute la barrière des reliefs des Cévennes (entre 500 et 1 000 mm) et élevés (de 350 à 500 mm) également sur le massif des Maures dans le Var  :
Les précipitations sont significatives, entre 100 et 350 mm, sur tout le reste de la partie sud du bassin jusqu’à la hauteur de Lyon.
Au nord du bassin, les précipitations sont basses, entre 20 à 75 mm, excepté l’Ouest du département de l’Ain (01) et la partie sud-est du département de la Haute-Savoie (74) où elles sont légèrement supérieures (de 75 à 100 mm).

Le bilan pluviométrique mensuel est excédentaire sur le sud du bassin. Pour rappel, mentionnons le violent épisode cévenole meurtrier de la nuit du 14 au 15 octobre dans le département de l’Aude responsables de la crue de l’Aude. Celle-ci a pu atteindre 6 mètres en certains points, suite à la rapide montée en charge de plusieurs de ses affluents consécutives aux pluies abondantes causées par la rencontre de l’ex-cyclone Leslie avec une masse froide. A noter également les violents orages et crues du département du Var ayant précédé cet épisode entre le 10 et le 12 octobre dans la région de Saint-Maxime. Le nord du bassin reste en situation déficitaire mais de façon moindre par rapport au mois de septembre, les secteurs les plus touchés étant le Doubs (25) et la Haute-Saône (70). Le cumul des pluies efficaces est très important dans le sud du bassin, attestant de l’importante recharge en eau. Il est moindre dans la partie nord du bassin. Le cumul des pluies efficaces depuis le 1er septembre 2018 est positif dans le sud du bassin entre 50 et 500 mm, positif entre 0 et 50 mmm dans le nord du bassin et négatif sur la partie nord-est du bassin, entre 0 et -50 mm.

 

2. Débits des cours d'eau

 

La situation des cours d’eau au 1er novembre 2018 est basse avec une hydraulicité inférieure voire très inférieure à la moyenne dans le nord du bassin mais élevée dans le sud du bassin, notamment sur le pourtour méditerranéen :
Tout comme au mois d’août, dans le nord du bassin, les températures élevées et le manque de précipitations ont favorisé l’accélération de la baisse des débits : une majorité de cours d’eau restent en assec. Dans le sud du bassin, les précipitations sont à l’origine de la remontée des débits avec des débits de nombreux cours d’eau repassant à un taux très supérieur à la moyenne.
Les débits du fleuve Rhône continuent de diminuer : ils sont très bas. La station de Valence située en amont des centrales nucléaires de Cruas et de Tricastin a enregistré un débit de 400 m³/s, le 2ᵉ débit moyen le plus bas connu depuis presque 100 ans.

 

3. niveaux des nappes d'eaux souterraines

 

La tendance à la baisse des nappes d’eaux souterraines du sud du bassin s’inverse ; la recharge de ces nappes s’amorce grâce aux précipitations d’octobre notamment pour les nappes proches de la côte méditerranéenne.
Les nappes au niveau du Rhône moyen sont à des niveaux bas à très bas et pour la plupart encore à la baisse comme dans les départements du Rhône, de l’Isère et de la Drôme à des niveaux modérément bas, bas ou très bas.
Dans le nord du bassin, les aquifères sont tous à la baisse avec des niveaux modérément bas (cas de trois stations de l’Ain), bas ou très bas (voir carte des niveaux dans les eaux souterraines). Seules trois stations du nord du bassin à la baisse présentent un niveau autour de la moyenne, modérément haut ou haut.

 

4. Remplissage des retenues d'eau

 

Pour la région Bourgogne-Franche-Comté, par rapport au mois d’août, la retenue de Chazilly reste à un niveau de remplissage supérieur à la moyenne (67%). Le barrage de Vouglans, présente un taux de remplissage inférieur à celui du mois d’août : il passe de 53,8 à 43,3 %, tout comme la retenue de Canal du centre (de 44 à 35 %). L’ouvrage du Canal du Centre présente un taux de remplissage moindre (35%, inférieur à celui du mois d’août, 44 %).
La majorité des ouvrages de la région PACA présentent de fort taux de remplissage, supérieurs à 75 % (barrage de Serre-Ponçon et retenue de Castillon), les autres barrages présentent un taux compris entre 50 à 75 % (barrage de Saint Croix) ou compris entre 25 et 50 % (barrage de Saint-Cassien). A noter une baisse du taux de remplissage entre le mois d’août et celui d’octobre pour la retenue de Serre-Ponçon (de 86,27 à 76,56%) et plus accessoirement celle de la retenue de Castillon (de 86,90 à 85,66%).
Tout comme en août, la majorité des barrages du versant méditerranéen de la région Occitanie enregistrent un bon taux de remplissage. Une amélioration importante des taux de remplissage des retenues en Ardèche (groupe de Chassezac, Sénéchas, Saint Cécile d’Andorge) est enrégistrée ce mois due aux forts cumuls de précipitations sur la bordure sud-est du massif-central.

 

5. Humidité des sols

 

Consécutivement aux précipitations ayant eu lieu sur le sud du bassin, les sols superficiels de ce secteur se sont rechargés en eau, pour certains départements sur la totalité de leur territoire comme le Var et l’Ardèche. L’humidité des sols est moyenne en Isère (38) et les reliefs des départements de la Savoie (73) et de la Haute-Savoie (74). Le nord du bassin présente des terrains peu humides.
Les taux des départements excédentaires du sud du bassin sont très importants, entre 40 à 100 % : c’est le cas des Pyrénées orientales (66), de l’Aude (11), d’une majeure partie de l’Hérault et des Alpes de Haute-Provence, des Bouches-du-Rhône (13) et du Var.
Les taux de départements déficitaires du nord du bassin sont également forts, entre 80 et 100 % sur le Territoire de Belfort (90), la Haute-Saône (70), le Doubs  et le nord du Jura (39).

 

6. Etat des milieux aquatiques

 

Les campagnes complémentaires de l’observatoire national des étiages (ONDE) n’ont pas eu lieu dans tous les départements. Parmi ceux qui les ont réalisés on note l’aggravation de la situation du département du Jura (indice 6 à 4), de l’Isère (de 4 à 3), celle du département du Doubs (de 7 à 5) et du Territoire de Belfort (de 10 à 6).
Au contraire, on note l’amélioration de la situation du département de la Loire (passage d’un indice 5 à un indice 6). La situation des autres départements ayant réalisé une campagne usuelle restant inchangée.

 

7. Limitations des usages de l'eau au 10 novembre 2018

 

Les situations de sécheresse restent préoccupantes pour le mois d’octobre, notamment dans le nord du bassin. Sont en situation de crise tout ou partie de 5 départements : Territoire de Belfort (90), Doubs (25), Jura (39), Saône-et-Loire (71) et Ain (01). Les situations d’alerte renforcée pour les eaux superficielles couvrent 4 départements en Rhône-Alpes : Isère (38) ainsi qu’une partie des départements de la Drôme (26), de la Savoie (73) et de la Haute-Savoie (74). Sont en situation d’alerte :  le sud de la Drôme, le secteur de la Dombes dans le département de l’Ain ainsi qu’une partie de la Haute-Saône (70). Les départements des Hautes-Alpes (05) et de la Savoie (73) sont en situation de vigilance.
Concernant les eaux souterraines, le territoire de Belfort est en situation de crise. Certaines nappes de l’Isère sont en situation d’alerte renforcée. La situation d’alerte est déclenchée en Isère, en Savoie et dans une majeure partie de la Drôme. Le niveau de vigilance est observé dans les nappes de la Dombes dans le département de l’Ain, dans un secteur situé au sud du département de la Drôme.

Situation au 10 novembre 2018 - Tableau de bord de suivi des arrêtés départementaux (PDF)

 

8. Bilan du mois d'OCTObre 2018

 

Les précipitations du mois d’octobre ont permis de recharger les nappes et d’améliorer les débits des cours d’eau du sud du bassin cependant la situation reste préoccupante dans le nord du bassin et le long de l’axe Rhône. Les débits moyens mensuels du Rhône et de la Saône restent exceptionnellement bas. Le niveau des nappes d’eaux souterraines reste globalement à la baisse pour les régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.
Les mesures de limitation des usages de l’eau sont encore en vigueur dans 16 départements en alerte renforcée pour les eaux superficielles; dans 7 départements, le niveau de crise est atteint sur plusieurs bassins versants des départements de Côte d’Or (21), Saône-et-Loire (71), Doubs (25), Haute-Saône (70), Territoire de Belfort (90), Ain (01) et Savoie.

Publié le 03/10/2022