MARS 2023 : UN MOIS DE MARS BIEN ARROSÉ SUR UNE GRANDE PARTIE DU BASSIN, SAUF SUR LE LITTORAL QUI ENREGISTRE DÉJÀ UNE SÉCHERESSE RECORD

Cumul des précipitations mars 2023

Après avoir connu le mois de février le plus sec depuis le début des mesures en 1959, soit 31 jours consécutifs sans précipitation, les départements côtiers n'ont pas bénéficié d'un mois de mars pluvieux comme le reste du bassin. Les températures sont restées au-dessus des normales.

Le faible enneigement et l'étiage hivernal particulièrement marqué n'ont pas permis un remplissage normal des retenues dans les Pyrénées. Les barrages du Verdon ont dû adapter leur exploitation pour garder un niveau acceptable. Les retenues des Alpes du Nord et de Bourgogne-Franche-Comté conservent un niveau correct.

Les débits des cours d'eau sont inférieurs, voire très inférieurs à la moyenne sur la quasi-totalité du bassin. Seuls les cours d'eau alpins ont bénéficié de précipitations et chutes de neige suffisantes pour maintenir un bon débit. Sur le pourtour méditerranéen, la situation est critique, laissant présager des assecs particulièrement précoces.

La recharge hivernale des nappes n'a pu se faire correctement, pour la troisième année consécutive. Alors que dans le nord du bassin, les nappes ont retrouvé un niveau bas mais acceptable, elles restent à un niveau très bas sur le couloir rhodanien. Hormis quelques exceptions vers l'embouchure du Rhône, les nappes du pourtour méditerranéen sont à un niveau historiquement bas.

1. Point météorologique: précipitations et manteau neigeux

Après un mois de février historiquement sec, mars a vu le retour des précipitations dans la partie nord du bassin, avec un excédent dépassant les 50 % pour le Sud de la Haute-Marne et des Vosges, le Nord de la Franche-Comté et les Alpes du Nord, voire 60% sur les Hautes-Alpes. Cette pluviosité s'est tout de même accompagnée de températures moyennes supérieures aux normales.


En revanche, les cumuls de précipitations n’ont généralement pas dépassé 50 mm sur le pourtour méditerranéen, dans la moyenne vallée du Rhône ainsi que par endroits sur les Cévennes ardéchoises et le département de la Loire. Ils sont restés inférieurs à 20 mm de l’est de l’Hérault à la basse vallée du Rhône, des Bouches-du-Rhône aux Alpes-Maritimes,  ainsi que très localement sur les Pyrénées-Orientales et la région de Béziers. Depuis septembre 2022, les cumuls globaux sont déficitaires sur tout le pourtour méditerranéen et, de manière plus marquée, de 50 à 75 % sur une bande allant de la Catalogne au nord de l’Hérault en passant par l’est de l’Aude ainsi que sur le haut-pays niçois.

 

Cumul mensuel des précipitations Mars 2023
Rapport à la moyenne mensuelle de référence 1991 2020 des cumuls de précipitations

 

Les cumuls de précipitations efficaces dépassent 500 mm sur les Vosges, le Jura et de la Haute-Savoie aux Hautes-Alpes. Ils atteignent par endroits 750 à 1250 mm sur le sud des massifs des Vosges et du Jura ainsi que sur le nord des Alpes. À l’inverse, les cumuls sont localement compris entre 50 et 100 mm dans le sud des Bouches-du-Rhône, et plus généralement de l’intérieur de l’Hérault à l’ouest des Pyrénées-Orientales. Ils sont même inférieurs à 50 mm dans les plaines du Rhône et de l’est du Roussillon à la région de Béziers (Hérault).

Le bilan hydrique est négatif, de -25 à -50 mm, de l’est des Bouches du Rhône au sud des Alpes-Maritimes.

 

Cumul de pluies efficaces Mars 2023
Comparaison des cumuls de pluies efficaces (du 1er septembre 2022 à mars 2023)

 

L’enneigement des Alpes du Nord a nettement progressé grâce au retour de plusieurs flux perturbés, le faisant passer d’un niveau proche des minimas historiques tout début mars, à un niveau actuellement proche du quantile 25%, restant donc légèrement déficitaire. Le stock de neige des Alpes du Sud reste inférieur à la normale de saison, mais représente toutefois près du double de l’enneigement observé en 2022.

L’épaisseur du manteau neigeux des Pyrénées-Orientales est proche des minimums historiques, en dessous du 1er quintile. Les quelques chutes de neige enregistrées en mars n'ont pas suffi pour améliorer la situation dans le Jura, avec un équivalent en eau du manteau neigeux déficitaire de 75%.

 

Equivalent en eau du manteau neigeux Alpes du Nord
Equivalent en eau du manteau neigeux Alpes du Sud
Equivalent en eau du manteau neigeux Pyrénées

 

2. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats

Au vu de l’étiage particulièrement précoce cette année, l’OFB a déjà mené une campagne ONDE complémentaire, voire deux, dans certains départements du bassin. 

Dans le département du Rhône, la grande majorité des stations sont en écoulement visible acceptable, au sens biologique du terme, mais les débits restent faibles. 

Les derniers épisodes pluvieux, ainsi que la fonte du stock neigeux en cours, ont alimenté des écoulements conformes à la normale sur les cours d’eau des Hautes-Alpes. Cependant, à l’amont de Serre-Ponçon et sur certains points du BV du Buech, les débits observés sont en deçà de ceux attendus en cette période. La campagne menée sur la partie Est des Bouches-du-Rhône a permis d’observer des écoulements globalement faibles pour la saison, avec déjà des situations d'assec. Dans le Var, la situation est très dégradée, avec pas ou peu de recharge hivernale. Dans le Vaucluse, le colmatage du fond par des développements d’algues brunes, signe d’eutrophisation, indique un débit trop faible pour permettre la bonne fonctionnalité écologique. La température de l’eau reste normale.

Le Lez, dans l’Hérault, est complètement à sec sur une partie de son cours. C'est une situation courante en début d'été, mais exceptionnelle pour un mois de mars.

 

3. Situation des retenues d’eau

Le remplissage des retenues de Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que de l'Hérault et du Chassezac, est assez conforme aux normales de saison.

Les barrages des Alpes du Nord conservent un niveau proche des normales de saison à 41%.

Dans les Alpes-du-Sud, des perturbations, associées à un début de fonte nivale, ont permis de maintenir le remplissage de Serre-Ponçon à 56,4%, ce qui reste toutefois inférieur à son niveau de 2022 à la même date (73%). Plus au Sud dans le Verdon, le déficit de remplissage de la retenue de Sainte-Croix n’a pas encore été compensé depuis l’été dernier du fait de conditions plus sèches. La gestion de ces retenues est donc toujours contrainte pour l’usage hydroélectrique, en vue d’assurer la priorité au remplissage, tout en assurant les prélèvements en eau. L'atteinte des cotes touristiques est désormais prévue pour le 1er juillet. Dans ce contexte, les prévisions d'apports en eau d’ici fin juin conservent un caractère déficitaire (85% de la normale à Serre-Ponçon et 70% à Castillon).

Les niveaux des retenues pyrénéennes sont 15% en dessous de la normale, suite à une recharge hivernale médiocre et au déficit sévère d’enneigement. Les niveaux des retenues de l'Aude, qui présentent un enjeu décisif pour la gestion conjoncturelle des étiages, sont même situés sous les minimums historiques.

 

Remplissage des retenues d’eau fin Mars 2023

 

4. Hydrologie : cours d’eau, hydraulicité, fleuve Rhône

Dans le nord du bassin, les débits sont remontés bien au-delà des seuils de vigilance vers la fin du mois. Les débits des cours d'eau de la partie Rhône-Alpes ont connu une légère amélioration, qui reste transitoire et fragile. La majorité des affluents du Rhône, dont l’Ain et la Saône subissent un étiage précoce, à l’exception des affluents Alpins.

En PACA, dans la continuité des mois d’hiver sans précipitations significatives, les débits des cours d’eau sont en diminution lente mais constante. Toutefois, les perturbations de mi-mars, associées à un début de fonte nivale sur les bassins versants alpins, ont permis aux débits de l'arrière-pays de rester proches de la normale. L’hydraulicité sur ces stations est entre 0,80 et 1,15. La situation est bien plus critique sur le reste de la région, et notamment sur les bassins versant littoraux des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes, de l’Argens et du Gapeau, avec un rapport à la normale compris entre 0,1 et 0,3.

Les cours d'eau occitans conservent un débit faible à très faible, qui laisse présager des assecs précoces.

 

suivi hydrologique des principaux cours deau fin mars23
suivihydrologiquedesprincipauxcoursdeau_vcn3_finmars23

 

Fleuve Rhône : L'hydraulicité du mois de mars 2023 est revenue au-dessus de la normale pour les stations de Bognes et de Perrache mais reste bien en dessous pour la Saône (Couzon) et les stations à l'aval de Lyon (Ternay, Valence et Beaucaire). La station de Beaucaire se positionne ainsi au 17ème rang des débits mensuels moyens de mars les plus bas sur les 104 dernières années.

 

5. Humidité des sols

Les pluies importantes de ce mois de mars ont permis de rétablir notablement la situation sur le nord du Bassin, avec une humidité des sols parfois supérieure à 20 % dans le Sud des Vosges. Entre Macon et Avignon, elle demeure légèrement en-dessous de la moyenne, avec de petites zones en-dessous des -10 % dans les plaines du Rhône et l’agglomération Stéphanoise. Les sols sont en revanche saturés sur le Jura, les Alpes jusqu'au nord des Hautes-Alpes, la vallée de l’Ubaye et le Mercantour

Les sols, déjà secs fin février, se sont encore asséchés sur la Côte d’Azur, et de la Provence à la moyenne vallée du Rhône. Ils sont restés très secs autour du golfe du Lion, voire extrêmement secs sur le Languedoc-Roussillon, équivalent d'un mois de mai ou juin. Les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales sont particulièrement concernés, atteignant des valeurs record de faible humidité des sols superficiels (80% d'écart à la normale).

 

Indice d’humidité des sols au 1er avril 2023
Ecart pondéré à la normale 1991/2020 de l’indice d’humidité des sols au 1er avril

6. Situation des nappes d'eaux souterraines

Ce mois de mars clôt la saison hydrologique de recharge, qui débute en septembre. Cette saison est fortement déficitaire, et fait suite à deux années hydrologiques précédentes (2020-2021 et 2021-2022) également déficitaires.

Suite aux précipitations conséquentes de mars, la majorité des nappes de Bourgogne-Franche-Comté a réagi à la hausse mais les niveaux restent assez bas. Les nappes inertielles du couloir Rhône-Saône ont très peu évolué depuis le début de l'automne, et affichent des niveaux bas à très bas, à l'exception de la plaine de Valence qui se maintient proche de la moyenne. On observe tout de même une nette amélioration des niveaux de la nappe d'accompagnement de l'Isère ainsi qu'une remontée légère de ceux de la nappe d'Avignon-le Pontet.

Le déficit est quasi-généralisé sur le pourtour méditerranéen. Il atteint notamment 60 % sur dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Les nappes alluviales côtières et des calcaires karstifiés de Provence et de Côte d’Azur enregistrent des niveaux bas à très bas, voire historiquement bas dans le Var. La plupart des ressources souterraines n’ont pas connu de recharge durant le mois de mars 2023. Les nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon connaissent une situation inédite depuis l’instauration de seuils de gestion, avec des niveaux bas à très bas pour un mois de mars. Il existe un risque de remontées salines dans les nappes du littoral des Pyrénées Orientales si leur niveau continue de baisser.

 

Situation des ressources en eaux souterraines fin Mars 2023

 

7. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er avril 2023, 14 départements et 3 zones interdépartementales ont déjà adopté des mesures de restrictions de l'usage de l'eau : 

Vigilance :la Saône-et-Loire, l'Ardèche, l'Isère, l'ACI Bièvre-Liers-Valloire, la Savoie, la Haute-Savoie et le Vaucluse, l'ACi du Lez provençal-Lauzon, de l'AEygues et de l'Ouvèze Provençale et le Gard

Alerte : l'Axe Saône, la Haute-Saône, les Alpes de Haute-Provence et les Alpes-Maritimes

Alerte renforcée : les Pyrénées Orientales et l'Ain

Crise : les Bouches du Rhône et le Var

L'Ain, la Savoie et les Pyrénées Orientales sont en restriction depuis 2022.

 

Restrictions spécifiques aux eaux superficielles
au 1er mars 2023

carte-des-restrictions-superficielles_1er_mars_2023

Restrictions spécifiques aux eaux souterraines
au 1er mars 2023

carte-des-restrictions-souterraines_1er_mars_2023

Restrictions spécifiques aux eaux superficielles 

au 1er avril 2023

carte-des-restrictions-superficielles_1er_avril_2023

Restrictions spécifiques aux eaux souterraines 

au 1er avril 2023

carte-des-restrictions-souterraines_1er_avril_2023

Site PROPLUVIA, les restrictions d'eau

Légende Propluvia

 

Publié le 24/10/2023