Juillet 2025 : une tendance à la dégradation, mais qui reste très contrastée en fonction de la pluviométrie locale

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Les précipitations de ce mois de juillet 2025 sont déficitaires de 20 à 50 % entre la vallée de la Drôme, le Haut-Vivarais et la Dombes, ainsi que plus localement dans les vallées alpines et en plaine de Saône, et de 70 % dans le nord de l'Ardèche, avec des sols plus secs que la normale. Elles sont excédentaires de 50 à 100 % en Franche-Comté, dans le Chablais, entre la Haute-Maurienne et l'Oisans, et entre les gorges de l'Ardèche et le Nyonsais. Sur le sud du bassin, les cumuls mensuels sont excédentaires de 70 à 130 % sur les Bouches-du-Rhône, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales. L'excédent atteint 200 % sur le littoral du Languedoc-Roussillon. Les précipitations sont déficitaires de 25 à 70 % dans l'intérieur et l'est du Var, ainsi que sur les Alpes-Maritimes. Malgré une légère amélioration, au 1ᵉʳ août 2025, l'humidité des sols sur le sud du bassin reste globalement déficitaire. La vague de chaleur débutée en juin s'est terminée le 5 juillet sur le bassin. Une 2eme vague de chaleur a touché le pourtour méditerranéen en milieu de mois, avec des records de températures battus.

 

Au 1er août 2025, les taux de remplissage des retenues de Bourgogne et des Alpes du Nord sont inférieurs aux normales de saison. En Franche-Comté et dans les Alpes du Sud, les cotes touristiques des retenues multi-usages sont atteintes, le taux global de remplissage dépasse les 80 %, la situation est plus favorable que ces 3 dernières années. Les taux de remplissage des retenues de Montpezat et du Chassezac se maintiennent au-dessus des 80 %. En Occitanie, les taux de remplissage des retenues en plaine et dans l'arrière-pays sont en baisse, mais restent globalement supérieurs à ceux des 3 dernières années à la même date.

 

Fin juillet 2025, les débits moyens mensuels des rivières de Bourgogne et des Alpes du Nord restent inférieurs à la normale. En Franche-Comté, dans l'Ain et le Rhône, les débits ont fortement baissé et sont désormais inférieur à la moyenne. Sur l'axe Rhône, les valeurs d'hydraulicité restent en dessous de la moyenne, avec une tendance à la baisse. L'hydraulicité reste dans les normales sur le littoral azuréen. Les précipitations excédentaires ont profité aux cours d'eau du Languedoc et du littoral des Pyrénées-Orientales, leurs débits moyens sont remontés au-dessus des normales.

 

Au 1er août 2025, la vidange se poursuit sur la majorité des nappes du bassin. Les niveaux des nappes sont très hétérogènes en Bourgogne-Franche-Comté, de modérément hauts à très bas. Sur le Lyonnais et le couloir Rhône-Saône, les niveaux sont globalement dans les normales. Concernant la moitié sud, les pluies ont permis de réduire la vitesse de la vidange de nappes réactives situées au droit de secteurs très arrosés. Pour les nappes inertielles et les secteurs peu arrosés abritant des nappes réactives, la vidange reste active. La baisse des niveaux est localement accentuée par les prélèvements en nappe pour l'irrigation. Les niveaux restent bas à très bas sur les nappes de la vallée de l'Aude, du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon.

1. Point météorologique : précipitations, températures

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées de 79 mm sur le nord du bassin, soit 95% de la normale d'un mois de juillet, ce mois se place au 27ème rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. Le cumul mensuel est réparti de manière très hétérogène sur le bassin, en lien avec des situations météorologiques parfois fortement orageuses. Les précipitations sont déficitaires de 20 à 50 % entre la vallée de la Drôme, le Haut-Vivarais et la Dombes, ainsi que plus localement dans les vallées alpines, en plaine de Saône ou vers le plateau de Langres. Le déficit atteint 70 % dans le nord de l'Ardèche. Les excédents pluviométriques sont localement conséquents en Franche-Comté, dans le Chablais, entre la Haute-Maurienne et l'Oisans, atteignant 50 à 90 %. L'excédent est deux fois supérieur à la normale entre les gorges de l'Ardèche et le Nyonsais.

Durant le mois de juillet 2025, l'essentiel des précipitations sur le sud du bassin est survenu durant la première décade, puis entre les 20 et 21 juillet, avec des orages qui ont provoqué par endroits des inondations, comme dans les Pyrénées-Orientales. Des chutes de grêle se sont aussi produites dans ce département, faisant d'importants dégâts sur les cultures. Les cumuls mensuels sont excédentaires de 130 % sur les Bouches-du-Rhône, 83 % sur l'Hérault, 71 % sur les Pyrénées-Orientales et 32 % sur une partie du Gard. L'anomalie atteint même un excédent de 200% sur le littoral du Languedoc-Roussillon. Les précipitations sont déficitaires de 25 à 70 % dans l'intérieur et l'est du Var, ainsi que sur les Alpes-Maritimes. Dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence, les cumuls sont proches de la normale, voire ponctuellement excédentaires.

Pluviométrie depuis septembre 2024

Depuis le 1er septembre 2024, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin est de 1129 mm, soit 104 % de la normale, ce qui classe cette période au 21ème rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. De la vallée du Rhône au Bas-Bugey, ainsi que sur une bonne partie de la Franche-Comté, on observe un déficit de 10 à 30 %. Sur le reste du bassin, le cumul depuis le 1er septembre est globalement dans les normales. Les excédents les plus marqués, de 30 à 60 %, s'observent entre les Cévennes et le plateau ardéchois, ainsi que vers la Haute-Maurienne.

Depuis le début de l'année hydrologique 2024-2025, les cumuls de précipitations sont généralement proches des normales sur le sud du bassin. Les cumuls sont cependant excédentaires de 20 à 50 % sur les Cévennes, dans l'intérieur du Var et sur les Alpes du Sud. Les précipitations sont déficitaires de 10 à 35 % dans l'Aude.

Précipitations efficaces

Avec +1 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin en juillet 2025, pour une normale de -9 mm, il s'agit du 20ème cumul le plus élevé depuis 1959. Les précipitations efficaces sont localement comprises entre -50 et -25 mm entre la Drôme-Ardèche, le Nord-Isère et la Bresse, ce qui correspond à une situation normale en juillet. Sur le reste du bassin, les précipitations efficaces sont largement excédentaires. Elles sont comprises entre 25 et 75 mm sur les Alpes du Nord, le Jura, les Vosges, ainsi que localement en plaine doloise. Les précipitations efficaces atteignent 75 à 100 mm sur le massif du Mont-Blanc.

Sur le sud du bassin, les cumuls de précipitations efficaces sont généralement moins favorables. Ils se situent entre +25 mm et -25 mm, voire même entre -25 mm et -50 mm sur les Alpes-Maritimes et le Var.

Précipitations efficaces depuis septembre 2024

Depuis le mois de septembre 2024, le rapport à la normale du cumul des pluies efficaces est de 80 à 100 % sur une bonne partie du nord du bassin. Il est de 60 à 80 % entre le Dijonnais et le plateau de Langres. Le cumul de précipitations efficaces présente un excédent de 10 à 40 % entre le Haut-Vivarais et l'Ouest lyonnais, ainsi que de l'Oisans à la Haute-Tarentaise. Les excédents les plus forts - de 60 % - sont atteints sur l'arc cévenol.

Depuis septembre 2024, les cumuls de précipitations efficaces sont excédentaires de 10 à 50 % sur les Cévennes, les Alpes du Sud et l'intérieur du Var. Dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et l'est du Gard, le déficit se situe généralement entre 25 et 50 %. Sur le Languedoc-Roussillon, le déficit est de 50 à 75 %, voire au-delà dans l'Aude.

Températures

La vague de chaleur qui a débuté le 19 juin s'est achevée le 4 juillet 2025 à l'échelle de la France. Début juillet, les températures les plus élevées, avec 35 à 40 °C par endroits, et localement supérieures, ont été relevées sur les régions méditerranéennes. Les minimales ont dépassé 25 °C par endroits sur le littoral, avec 25.9 °C à Nice dans les Alpes-Maritimes le 1er juillet. Les fortes chaleurs ont perduré jusqu'au 5 juillet sur le pourtour méditerranéen, avec encore 37.4 °C au Luc dans le Var ou 37.9 °C à Nîmes dans le Gard. Après un retour à la normale avec des températures plus conformes à la saison, voire parfois fraîches, notamment la nuit, sur l'ensemble du bassin, le mercure est nettement remonté en milieu de mois sur le pourtour méditerranéen. Un nouvel épisode de fortes chaleurs a concerné le Languedoc-Roussillon du 14 au 18 juillet et la région PACA du 15 au 19 juillet, avec des minimales très douces de 20 à 25 °C, voire plus sur le Var, et des maximales atteignant 35 à 39 °C.

Des records mensuels de chaleur ont été enregistrés sur plusieurs communes du bassin : 39.5 °C à Lanas en Ardèche, 39.8 °C à Istres dans les Bouches-du-Rhône, 40.3 °C à Castelnaudary dans l'Aude, 40.4 °C à Avignon dans le Vaucluse et 41.3 °C à Nîmes dans le Gard. Des records mensuels de douceur nocturne ont également été battus avec des minimales atteignant 25.4 °C à Lézignan-Corbières dans l'Aude et 25.9 °C au Luc dans le Var.

2. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats

La troisième campagne de l'Observatoire national des étiages (ONDE) à l'échelle du bassin pour l'année 2025 a été réalisée du 21 au 29 juillet par les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) sur les petits cours d'eau. 141 stations sont en rupture d'écoulement ou en assec, réparties sur l'ensemble du bassin, soit 19 % des observations.

Pour mémoire, à la même période en 2024, 99 stations étaient en rupture d'écoulement ou en assec. En juillet 2023, 220 stations et en juin 2022, 367 stations, étaient en rupture d'écoulement ou en assec , réparties sur tout le bassin.

Les départements volontaires peuvent bénéficier d'une campagne d'observation avec 4 modalités d'écoulement, au lieu des 3 habituelles, ce qui permet de mieux nuancer les résultats au niveau du bassin :

3. Situation des retenues d'eau

Au 1er août 2025, les taux de remplissage des retenues de Bourgogne baissent en dessous des 50 %, avec des niveaux similaires à 2023 et inférieurs à 2022. En Franche-Comté, le niveau de la retenue de Vouglans se stabilise, le taux de remplissage est supérieur à 80 % et la cote touristique est atteinte.

Dans les Alpes du Nord, les taux de remplissage des retenues sont inférieurs aux normales de saison. Le taux global de remplissage se maintient en-dessous des 70 %. Dans les Alpes du Sud, les cotes touristiques des retenues multi-usages sont atteintes, le taux global de remplissage dépasse les 90 %, la situation est plus favorable que ces 3 dernières années.

Malgré une légère baisse, le taux de remplissage des retenues de Montpezat se maintient au-dessus des 90 % au 1er août 2025. Le taux de remplissage des retenues du Chassezac se maintient au-dessus des 80 %.

En Occitanie, les taux de remplissage des retenues en plaine et dans l'arrière-pays sont en baisse, mais restent globalement supérieurs à ceux des 3 dernières années à la même date.

Canaux VNF

Au niveau national, le taux de remplissage des canaux VNF baisse fortement, passant de 63 % au 1er juillet à 48 % au 1er août 2025, pour un taux moyen habituel de 64 % sur ces 10 dernières années.

Le taux de remplissage du Canal de Bourgogne, versant Saône, continue sa baisse pour atteindre 47 % au 1er août 2025. Ce taux était de 92 % au 1er août 2024 et de 47 % au 1er août 2023.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er août 2025 est de 56 %, il est en forte baisse par rapport au 1er juillet. Ce taux était de 75 % au 1er août 20 24, et de 79 % au 1er août 2023

4. Hydrologie : cours d'eau, hydraulicité, fleuve Rhône

Fin juillet 2025, les débits moyens mensuels des rivières de Bourgogne et des Alpes du Nord restent inférieurs à la normale. En Franche-Comté, dans l'Ain et le Rhône, les débits ont fortement baissé et sont désormais inférieurs à la moyenne. Sur l'axe Rhône, les valeurs d'hydraulicité restent en-dessous de la moyenne, avec une tendance à la baisse.

L'hydraulicité reste dans les normales sur le littoral azuréen. Les précipitations excédentaires ont profité aux cours d'eau du Languedoc et du littoral des Pyrénées-Orientales, leurs débits moyens sont remontés au-dessus des normales.

Fleuve Rhône

Le mois de juillet 2025 se caractérise par une hydraulicité très déficitaire sur l'ensemble du Rhône et de la Saône. Les débits moyens mensuels sont nettement inférieurs aux moyennes interannuelles 1920-2025, avec des coefficients compris entre 0.52 à Valence et 0.64 à Bognes. Ces débits moyens figurent parmi les plus bas jamais enregistrés pour un mois de juillet.

En aval de Lyon, les stations de Valence et Beaucaire se classent respectivement aux 3ème et 4ème rangs des mois de juillet les plus secs depuis 1920, traduisant un étiage sévère, renforcé par les très faibles apports de la Saône. Ce déficit mensuel s'inscrit dans une tendance de tarissement amorcée depuis février 2025.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

août 2020 − juillet 2021

1.11

1.09

1.04

0.97

août 2021 − juillet 2022

0.82

0.74

0.72

0.67

août 2022 − juillet 2023

0.92

0.73

0.70

0.66

août 2023 − juillet 2024

1.30

1.27

1.25

1.29

août 2024 − juillet 2025

0.99

0.92

0.92

1.00

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

5. Humidité des sols

Les sols sont plus secs que la normale sur la majeure partie du nord du bassin. Les déficits les plus marqués concernent le Nord-Isère et la Drôme des collines. L'indice d'humidité des sols est proche des normes seulement dans quelques secteurs : l'Oisans, le Mâconnais, la plaine doloise et le massif du Jura. Les sols sont plus humides que la normale dans les Vosges, avec un excédent de 10 à 40 % du piémont aux sommets.

Entre le 1ᵉʳ juillet et le 1ᵉʳ août 2025, les sols se sont très légèrement humidifiés sur le sud du bassin, sauf dans le Var où ils se sont plutôt asséchés. Cependant au 1ᵉʳ août 2025, l'humidité des sols reste globalement déficitaire. Le déficit atteint ou dépasse 50 % dans l'Aude, l'ouest des Pyrénées-Orientales et dans le Var. Sur les autres départements, le déficit est moins important, entre 10 % et 30 %. Il n'y a que sur le quart nord-ouest des Bouches-du-Rhône et le littoral des Pyrénées-Orientales que l'anomalie est positive et atteint parfois 40 %.

6. Situation des nappes d'eaux souterraines

Au 1er août 2025, la vidange se poursuit sur la majorité des nappes du bassin. Les précipitations de juillet n'ont eu qu'un faible impact sur les nappes du nord du bassin. Les niveaux des nappes sont très hétérogènes en Bourgogne-Franche-Comté, de modérément hauts à très bas. Sur le Lyonnais, les niveaux sont globalement dans les normales. Les niveaux des nappes inertielles du couloir Rhône-Saône sont généralement comparables aux normales.

Sur le pourtour méditerranéen, les pluies ont localement réussi à s'infiltrer en profondeur. Ces apports ont permis de réduire la vitesse de la vidange de nappes réactives situées au droit de secteurs très arrosés. Ces précipitations ont aussi permis une diminution plus ou moins significative des prélèvements, notamment pour l'irrigation et le tourisme, allégeant ainsi la pression sur les eaux souterraines. Concernant les nappes inertielles et les secteurs peu arrosés abritant des nappes réactives, la vidange reste active. La baisse des niveaux est localement accentuée par les prélèvements en nappe pour l'irrigation.

La situation de la nappe des sables astiens à Valras-Agde redevient supérieure aux normales mensuelles, la gestion des prélèvements permettant de limiter les pressions sur les eaux souterraines. La situation est meilleure en 2025 par rapport aux 3 années précédentes pour quelques nappes réactives du massif des Corbières et des vallées de l'Hérault et de l'Orb. Les niveaux restent cependant bas à très bas sur les nappes de la vallée de l'Aude, du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon. 

7. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er août 2025, les 27 départements du bassin Rhône-Méditerranée ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction des usages de l'eau, contre 17 départements au 1er juillet 2025.

Publié le 29/08/2025