Mai 2025 : Une fin de printemps contrastée entre le nord et le sud du bassin

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Les précipitations de ce mois de mai 2025 se sont concentrées sur les hauts massifs alpins, le sud de la Drôme, le Gard, l'Hérault et le littoral des Pyrénées-Orientales. Le centre Var a été touché par une pluviométrie très excédentaire et localisée. Le déficit pluviométrique est marqué sur le tiers nord du bassin, sur une zone qui s'étend du Nord-Isère aux Cévennes, sur la Provence et sur l'Aude. Au 1er juin 2025, l'enneigement est devenu globalement déficitaire sur les Alpes.

 

Les taux de remplissage des retenues alpines sont à la hausse au 1er juin 2025, grâce à la fonte des neiges et aux précipitations printanières. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage dépasse désormais les 90 %. Sur le reste du bassin, le remplissage des retenues est globalement dans les normales de saison. Pour les retenues multi-usages du Roussillon, les taux de remplissage s augmentent et les niveaux restent supérieurs aux niveaux très déficitaires de ces trois dernières années.

 

En mai 2025, les débits moyens mensuels des rivières du nord du bassin sont inférieurs à la normale, voire très inférieurs près des Vosges. La situation est nettement moins favorable qu'en mai 2024. L'hydraulicité reste globalement proche des normales des Alpes jusqu'au littoral varois et sur l'axe Rhône. Sur l'Ardèche, les Cévennes, la Drôme et les Bouches-du-Rhône, les débits sont en baisse et passent sous les normales. Les cours d'eau du Languedoc jusqu'à la Camargue conservent des débits supérieurs ou proches de la moyenne. Les débits évoluent peu dans le Roussillon et restent inférieurs aux normales, une situation très semblable à celle de mai 2024.

 

Au 1er juin 2025, la vidange des nappes, effective depuis fin mars, s'accélère désormais sur le nord du bassin et s'étend aux nappes inertielles, avec des niveaux bas en Franche-Comté. Les situations locales sont hétérogènes en Rhône-Alpes, avec des niveaux bas à hauts. Sur le sud du bassin, les situations sont stables ou se dégradent légèrement, et l'état des nappes est satisfaisant. Sur le Roussillon, la situation reste déficitaire bien qu'en légère amélioration par rapport à 2024 , les précipitations de ces derniers mois ont permis localement une amélioration sensible des niveaux , mais cela reste très insuffisant pour combler les déficits, et l'augmentation de la pression sur les eaux souterraines (irrigation et tourisme) se fait déjà ressentir localement.

1. Point météorologique : précipitations, températures, neige

Printemps météorologique 2025

Le printemps 2025 est marqué par un contraste inhabituel entre la moitié nord du bassin, très ensoleillée et peu arrosée, et la moitié sud (hors Aude) qui a connu un temps plus couvert et instable, avec de violents orages parfois accompagnés de grêle, entraînant par endroits des inondations et des coulées de boue.

Précipitations et ensoleillement du 1er mars au 1er juin 2025

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées de 89 mm sur le nord du bassin, soit un déficit de 16 % comparé à la normale 1991-2020, le mois de mai 2025 se place au 26ème rang des cumuls les plus faibles depuis 1959. Sur la Bourgogne-Franche-Comté (hors reliefs) et du Nord-Isère au sud de l'Ardèche, les cumuls sont de 30 à 70 mm, soit un déficit marqué de l'ordre de 40 à 60 %. Les cumuls de précipitations sont de 90 à 130 mm sur les Alpes, le Jura, les Baronnies, les monts du Lyonnais et le Beaujolais, jusque 150 à 170 mm sur les Savoies. Cela correspond à un excédent de 10 à 30 %.

Pour ce mois de mai 2025, les cumuls de pluie dans les Garrigues Gardoises, le Haut-Languedoc, les Hautes-Alpes ainsi que le centre Var, s'échelonnent de 50 à 100 mm, et jusqu'à 150 ou 200 mm dans le secteur de Vidauban et du Lavandou, du fait des pluies diluviennes survenues le 20 mai, soit un excédent pluviométrique de plus de 50 % dans cette zone. Les cumuls sur la basse vallée du Rhône sont compris entre 20 mm sur les Bouches-du-Rhône, soit 30 % de déficit, et 80 mm sur le Vaucluse, soit plus de 40 % d'excédent. Les précipitations sont déficitaires sur l'Aude, l'arrière-pays des Pyrénées-Orientales, les Cévennes et les Alpes-de-Haute-Provence.

Pluviométrie depuis septembre 2024

Depuis septembre 2024, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin atteint 977 mm, soit un excédent de 7 %. C'est le 16ème cumul le plus élevé depuis 1959. L'écart à la normale varie de 10 à 30 % sur les Alpes et grimpe jusque 40 à 50 % sur les monts d'Ardèche. Du Pilat aux monts du Beaujolais, l'excédent est de l'ordre de 10 à 20 %. Sur l'extrême nord du bassin, le déficit atteint 10 à 15 % sur la Haute-Marne et la Haute-Saône. Partout ailleurs, les précipitations restent proches des normales.

Depuis le mois de septembre, les cumuls pluviométriques sont proches de la normale sur la basse vallée du Rhône. La pluviométrie est déficitaire de 10 à 30 % sur l'Hérault et les Pyrénées-Orientales et jusqu'à 40 % sur l'Aude. En revanche, les cumuls sont nettement excédentaires de 25 à 50 % sur les Cévennes, le centre Var, et des Alpes du Sud au littoral azuréen.

Précipitations efficaces

Le cumul des précipitations efficaces agrégées sur le nord du bassin pour le mois de mai 2025 atteint 1.4 mm soit 21 mm de moins que la normale. Il s'agit de la 18ème valeur la plus faible depuis 1959. Du Vercors à la Haute-Saône et sur le relief ardéchois, les pluies efficaces connaissent un déficit important de plus de 75 %. Sur le Jura, le déficit atteint 25 à 50 %. Sur les Alpes, les monts du Lyonnais et le Beaujolais, les précipitations efficaces sont excédentaires à hauteur de 10 à 100 %, et assez fréquemment jusqu’à 200 à 400 %. En dehors de ces zones, les pluies efficaces restent proches des normales.

Pour ce mois de mai 2025, les cumuls de pluies efficaces sont dans les normales sur le littoral du Languedoc-Roussillon, le Gard côté Rhône et les Alpes-Maritimes. Ils sont excédentaires sur le Haut-Languedoc, les Hautes-Alpes et le centre Var. Les pluies efficaces sont très déficitaires sur l'arrière-pays du Roussillon, les Cévennes, et du Vaucluse au littoral varois (hors centre Var).

Précipitations efficaces depuis septembre 2024

Depuis le mois de septembre 2024, le cumul de précipitations efficaces agrégées sur le nord du bassin est de 634 mm, soit 105 % de la normale. L'excédent est de l'ordre de 25 à 50 % sur le relief ardéchois. Sur les Alpes du nord, les pluies efficaces sont supérieures aux normales de 10 à 25 % en général et jusque 40 à 50 % localement. Sur le reste du bassin, les cumuls sont souvent proches des normales, même si localement le déficit peut être marqué. C'est le cas en moyenne vallée du Rhône, dans le Beaujolais et en Côte d'Or, où il atteint 20 à 40 %.

Sur le sud du bassin, les cumuls de pluies efficaces aussi sont excédentaires jusqu'à 50 % sur les Cévennes, le centre Var et les massifs du Mercantour et des Hautes-Alpes. Le cumul est déficitaire de 20 à 50 % sur la basse vallée du Rhône, la Provence et le littoral languedocien. Le déficit de pluies efficaces dépasse les 50 % dans le Roussillon.

Enneigement

Au 1er juin 2025, l'enneigement des Alpes du Nord est devenu nettement déficitaire et la fonte, déjà importante en début de mois, s’accélère. Vers 2 500 m, Il reste 30 à 80 cm de neige en versants nord et jusqu’à 30 cm en versants sud. Plus au sud, 7 à 25 cm sont encore présents à 2500 m sur le Champsaur et le Pelvoux. À plus haute altitude, on relève encore 1,19 m de neige sur la station de Couvercle (74) à 2 758 m, 1,53 m sur la station des Écrins (38) à 2970 m et 1,84 m sur la station de Bellecôte (73) à 2 992 m.

Au 1er juin 2025, l'enneigement sur les Pyrénées-Orientales est désormais nul.

2. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats

La première campagne de l'Observatoire national des étiages (ONDE) à l'échelle du bassin pour l'année 2025 a été réalisée du 23 au 27 mai par les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB). 14 stations sont en rupture d'écoulement ou en assec, réparties sur l'ensemble du bassin.

Pour mémoire, à la même période en 2024, 14 stations étaient aussi en rupture d'écoulement ou en assec, localisées en Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, et 71 stations en 2023 , réparties sur l'ensemble du bassin.

3. Situation des retenues d'eau

Au 1er juin 2025, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison.

Les retenues des Alpes bénéficient des précipitations et de la fonte des neiges. Le taux de remplissage global sur les Alpes du Nord est de plus de 50 % au 1er juin 2025, dans les normales de saison. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage dépasse désormais les 90 %, soit 5 à 15 % de plus que les années précédentes à la même date.

Le taux de remplissage des retenues de Montpezat est désormais supérieur à 70 % au 1er juin 2025. Le taux de remplissage des retenues du Chassezac est supérieur à 70 %.

Les retenues cévenoles et de l'arrière-pays languedocien conservent des niveaux conformes aux normales de saison. Les taux de remplissage des retenues multi-usages du Roussillon continuent d'augmenter, avec des niveaux désormais supérieurs à ceux déficitaires de ces trois dernières années.

Canaux VNF :

Au niveau national, le taux de remplissage de 75 % des canaux VNF au 1er juin 2025 baisse de plus de 10 % par rapport au 1er mai, pour un taux moyen habituel de 89 % sur ces 10 dernières années.

Le taux de remplissage du Canal de Bourgogne, versant Saône, baisse de 15 %, pour atteindre 75 % au 1er juin 2025. Ce taux était de 99 % au 1er juin 2024 et de 68 % au 1er juin 2023.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er juin 2025 est de 99 %, il augmente légèrement par rapport au 1er mai. Ce taux était de 72 % au 1er juin 2024.

4. Hydrologie : cours d'eau, hydraulicité, fleuve Rhône

Fin mai 2025, les débits moyens mensuels des rivières de Bourgogne-Franche-Comté sont inférieurs à la normale, voire très inférieurs près des Vosges. La situation est nettement moins favorable qu'en mai 2024. Les débits sont inférieurs à la normale sur l'Ain et le Nord-Isère. Sur l'axe Rhône, les valeurs d'hydraulicité restent globalement dans la moyenne.

Les valeurs d'hydraulicité restent globalement proches des normales des Alpes jusqu'au littoral varois. Sur l'Ardèche, les Cévennes, la Drôme et les Bouches-du-Rhône, les débits sont en baisse et passent sous les normales.

Les cours d'eau du Languedoc jusqu'à la Camargue conservent des débits supérieurs ou proches de la moyenne. Les débits évoluent peu dans le Roussillon et restent inférieurs aux normales, une situation très semblable à celle de mai 2024.

Fleuve Rhône :

L'hydraulicité du mois de mai 2025 en amont de Lyon est restée proche de la moyenne interannuelle 1920-2025. En revanche, en aval de Lyon, les faibles débits observés sur la Saône ont entraîné des valeurs inférieures à la normale aux stations de Ternay, Valence et Beaucaire.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

juin 2020 - mai 2021

0.99

0.95

0.93

0.89

juin 2021 - mai 2022

0.97

0.90

0.87

0.80

juin 2022 - mai 2023

0.88

0.71

0.67

0.62

juin 2023 - mai 2024

1.20

1.17

1.15

1.19

juin 2024 - mai 2025

1.12

1.01

1.02

1.10

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

5. Humidité des sols

Au 1er juin 2025, l'indice d'humidité des sols est déficitaire de 10 à 20 % sur le nord du bassin. Les sols s'assèchent, le déficit atteint 20 à 30 % sur la Côte-d' Or, la Haute-Saône, la Haute-Marne, les Vosges et le Territoire de Belfort. L'humidité reste dans les normales sur les sols de Franche-Comté et des Alpes. L'excédent atteint 10 à 20 % sur les plaines de l'Ain et le sud de la Drôme.

Entre le 1er mai et le 1er juin 2025, les sols se sont globalement asséchés sur le sud du bassin. Les sols sont en déficit d'humidité de 40 à 50 % dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Les sols sont légèrement plus humides que la normale sur l'arrière-pays languedocien, la basse vallée du Rhône et le Var.

6. Situation des nappes d'eaux souterraines

Au 1er juin 2025, la vidange, effective depuis fin mars, s'accélère désormais sur le nord du bassin et se généralise aux nappes inertielles. Elle se met en place plus tardivement et plus lentement sur les nappes de la moitié sud du bassin.

Les niveaux de la nappe des calcaires jurassiques du Jura et des nappes réactives du secteur Saône amont sont bas et continuent leur baisse, après quatre mois de précipitations déficitaires. Sur le couloir de la Saône, la situation des nappes inertielles s'améliore en 2025 par rapport à 2024.

Les situations locales sont hétérogènes en Rhône-Alpes, avec des niveaux bas à hauts. L'état des nappes inertielles du couloir du Rhône est satisfaisant, proche des normales à modérément hauts. Les situations des nappes inertielles se dégradent pour les nappes de l'Avant-Pays savoyard par rapport à 2024. Localement, les niveaux sont satisfaisants et modérément hauts dans l'Est Lyonnais et plus dégradés, modérément bas, dans la Drôme des collines. Les nappes réactives des alluvions du Rhône inférieur et de ses principaux affluents ont bénéficié du soutien des pluies d'avril et de mai et de la fonte des neiges et affichent des niveaux hauts.

Sur le sud du bassin, les cumuls pluviométriques de fin d'hiver et du printemps ont permis de compenser le début de recharge 2024-2025 déficitaire. Les pluies de mai ont cependant été peu efficaces, les épisodes orageux favorisant le ruissellement au détriment d'une infiltration dans les sols, et les pluies infiltrées étant majoritairement reprises par la végétation. Les situations demeurent stables ou se dégradent légèrement par rapport à avril 2025. L'état des nappes est satisfaisant, de proche des normales mensuelles à haut.

Des niveaux en hausse ou stables sont observés au droit de secteurs arrosés abri tant des nappes réactives et alimentés par la fonte des neiges : nappes alluviales des vallées des Alpes, du Rhône et de la Côte d'Azur. Quelques nappes réactives du sud-est présentent même une situation légèrement meilleure en 2025 qu'en 2024. L'état des nappes inertielles et des nappes des calcaires karstifiés de Provence est globalement satisfaisant en mai 2025, avec des indicateurs majoritairement au-dessus des normales mensuelles

L'état des nappes est moins favorable, avec des niveaux modérément bas, pour la nappe de la vallée de l'Aude. Les niveaux des nappes de la plaine du Roussillon, de l'aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières sont en hausse ou stables, mais restent bas à très bas, une situation tout de même légèrement meilleure qu'en 2024 à la même période. Les précipitations de ces derniers mois et notamment de mars ont permis une amélioration sensible des situations locales. Cependant, les cumuls pluviométriques restent très insuffisants pour combler les déficits, et l'augmentation de la pression sur les eaux souterraines (irrigation et tourisme) se fait déjà ressentir localement.

7. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er juin 2025, 6 départements du bassin Rhône-Méditerranée sur 27 ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction de l'usage de l'eau.

Restrictions eaux superficielles

Restrictions eaux souterraines

Publié le 19/06/2025