L'eau dans le bassin Rhône-Méditerranée

Le bilan pluviométrique de ce mois d'octobre 2025 est de nouveau contrasté. Les précipitations sont excédentaires et les sols sont humides des Vosges au Bugey et des Alpes du Nord au Vaucluse. De la Saône-et-Loire aux Cévennes, malgré un épisode cévenol important, le déficit est de 30 à 50 %. Après deux épisodes méditerranéens, les cumuls sont tout de même déficitaires sur les Bouches-du-Rhône et le Var. Les sols sont secs et le déficit pluviométrique est plus marqué sur les Alpes-Maritimes et l'Occitanie, atteignant 50 à 90 % sur le littoral occitan et les reliefs des Pyrénées-Orientales.

Au 1er novembre 2025, la tendance est désormais à la hausse pour les retenues de Bourgogne et des Alpes du Nord. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage est en baisse mais reste au-dessus des 70 %. Le taux global de remplissage des barrages de Montpezat, du Chassezac et des plaines du Languedoc-Roussillon passe en dessous des 30 %. Sur l’arrière-pays, du Gard aux Pyrénées-Orientales, la situation est plus favorable, avec un taux de remplissage supérieur à 50 %.

Fin octobre 2025, la situation reste favorable sur les cours d'eau du bassin de la Saône amont et en Franche-Comté. L'hydraulicité est en hausse sur les Alpes du Nord, avec des débits désormais globalement supérieurs à la moyenne. Sur la Saône aval et l'axe Rhône, l'hydraulicité est en baisse. Sur le pourtour méditerranéen, les débits moyens mensuels sont désormais inférieurs aux normales, les épisodes de fortes pluies n'ont pas amélioré durablement la situation. L'hydraulicité est faible sur les cours d'eau de la Côte d'Azur et faible à très faible des Cévennes au Roussillon.

Sur ce mois d'octobre 2025, la recharge a débuté pour les nappes réactives de Bourgogne-Franche-Comté, des Alpes et du Rhône inférieur. La tendance générale reste à la baisse sur les nappes inertielles du couloir Saône-Rhône et les nappes du littoral, avec des niveaux globalement inférieurs aux normales du Gard aux Pyrénées-Orientales.

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées de 138 mm sur le nord du bassin, soit 111 % de la normale, ce mois d’octobre 2025 se place au 26ᵉ rang des mois d'octobre les plus pluvieux depuis 1959. Les précipitations se sont essentiellement concentrées sur la dernière décade. Le 29 octobre, un épisode cévenol touche le sud de la Drôme-Ardèche. Les cumuls atteignent 60 à 80 mm en 12 h, localement 134 mm à Grospierres et 109 mm aux Vans en Ardèche, provoquant des dégâts dans la région de Pierrelatte et une crue importante de l’Eygues dans la Drôme. Sur le mois, l’excédent dépasse les 80 % sur les Alpes et le Bugey, avec une maximale de 120 % près de Chamonix en Haute-Savoie. Les précipitations sont excédentaires de 10 à 30 % sur la Franche-Comté et le sud de la Drôme. De la Saône-et-Loire aux Cévennes ardéchoises, le déficit est de 30 à 50 %.

Sur le sud du bassin, les précipitations, concentrées sur la 2eme quinzaine d’octobre 2025, sont globalement déficitaires. Deux épisodes méditerranéens génèrent des cumuls de 40 à 100 mm, 120 mm localement, du nord du Vaucluse au littoral varois. Malgré ces fortes pluies, les Bouches-du-Rhône et le Var sont déficitaires de 10 à 40 %. Le déficit est plus marqué sur les Alpes-Maritimes et l’Occitanie, atteignant 50 à 90 % sur le littoral occitan et les reliefs des Pyrénées-Orientales. Octobre 2025 se classe au 11e rang des mois d’octobre les moins arrosés sur le Languedoc-Roussillon. Les précipitations sont proches des normales sur le nord de la région PACA et excédentaires de 25 à 50 % sur le nord du Vaucluse.

Pluviométrie depuis septembre 2025

Depuis le 1er septembre 2025, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin est de 263 mm, soit 115 % de la normale, ce qui classe cette période au 21ème rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. Les cumuls sont proches des normales de la Saône-et-Loire au nord de la Drôme. Ils sont excédentaires de 25 à 50 % des Vosges au Bugey, sur le bassin de la Saône-amont et sur le sud de l’Isère et de la Drôme. L’excédent dépasse les 50 % sur les reliefs alpins. Seule l’Ardèche est déficitaire de 10 à 40 %, essentiellement sur les reliefs cévenols.

Sur ce début d’année hydrologique 2025-2026, les cumuls sont très déficitaires, de 50 à 75 %, des Pyrénées-Orientales à la Camargue, voire localement de 75 à 90 % sur l'Hérault. Le déficit est plus modéré, de 20 à 50 % sur le centre Var et les Alpes-Maritimes. Les cumuls sont excédentaires de 10 à 50% sur les Bouches-du-Rhône (hors Camargue), les Hautes-Alpes et le Vaucluse.

Précipitations efficaces

Avec 102 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin en octobre 2025, soit un excédent de 15 % par rapport à la normale, c’est le 27ème cumul le plus élevé depuis 1959. Les pluies efficaces sont excédentaires de 10 à 40 % de la Haute-Saône au sud de l’Isère et de 50% à 75% sur les sommets alpins. Elles sont déficitaires de 20 à 50 % de la Saône-et-Loire aux Cévennes.

Les précipitations efficaces pour ce mois d’octobre 2025 sont déficitaires de 20 à 50 % sur le littoral de la région PACA et de 50 à plus de 80 % sur l’Occitanie. Elles sont légèrement excédentaires sur le nord du Vaucluse.

Les campagnes usuelles de l’Observatoire national des étiages (ONDE) sont réalisées en fin de mois, de mai à septembre, par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) sur les petits cours d’eau.

Les départements volontaires peuvent bénéficier de campagnes complémentaires sur le reste de l’année. Une campagne d’observation a été réalisée du 24 au 27 octobre 2025, avec 4 modalités d’écoulement dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, et 3 modalités d’écoulement dans l’Hérault.

Au 1er novembre 2025, la tendance est désormais à la hausse pour les retenues de Bourgogne, avec un taux de remplissage global supérieur à 40 %. En Franche-Comté, le niveau de la retenue de Vouglans reste stable, le taux de remplissage est supérieur à 80 %.

Dans les Alpes du Nord, la tendance est à la hausse, le taux global de remplissage est désormais supérieur à 80 %. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage est en baisse mais reste au-dessus des 70 %, une situation plus favorable qu’en 2022.

Les taux de remplissage des retenues de Montpezat et du Chassezac sont inférieurs à 30 % au 1er novembre 2025.

En Occitanie, le taux global de remplissage des barrages en plaine passe en dessous des 30%, un taux similaire à celui de 2023. Sur l’arrière-pays, la situation est plus favorable, avec un taux de remplissage supérieur à 50 %.

Canaux VNF :

Au niveau national, le taux de remplissage des canaux VNF reste en hausse, passant de 41 % au 1er octobre à 45 % au 1er novembre 2025, pour un taux moyen habituel de 31 % sur ces 10 dernières années.

La tendance est à la hausse pour le Canal de Bourgogne, versant Saône, avec un taux de remplissage de 42 % au 1er novembre 2025.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er novembre 2025 est de 17 %. Ce taux était de 50 % au 1er novembre 2024, et de 19 % au 1er novembre 2023.

Fin octobre 2025, la situation reste favorable pour les affluents du bassin de la Saône amont et les cours d’eau de Franche-Comté. L’hydraulicité est en hausse sur les Alpes du Nord, avec des débits désormais globalement supérieurs à la moyenne. Sur la Saône aval et l’axe Rhône, l’hydraulicité est en baisse, les débits sont majoritairement inférieurs aux normales.

Sur le pourtour méditerranéen, les débits moyens mensuels sont désormais inférieurs aux normales. À l’est du delta du Rhône, les épisodes de fortes pluies ont provoqué des hausses de débits temporaires, mais n’ont pas amélioré durablement la situation. L’hydraulicité est faible sur les cours d’eau de la Côte d’Azur et faible à très faible des Cévennes au Roussillon.

Fleuve Rhône :

Les débits moyens du mois d’octobre 2025 sont légèrement supérieurs à la moyenne historique 1920-2025 sur la partie amont du Rhône, traduisant une hydraulicité normale à modérément excédentaire. En revanche, les stations de Valence et Beaucaire, à l’aval de Lyon, présentent des valeurs légèrement inférieures à la moyenne, indiquant une hydraulicité proche de la normale à localement déficitaire.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

Au 1er novembre 2025, les sols sont humides à très humides sur la moitié nord du bassin, voire proches de la saturation des Vosges au sud de l’Isère.

Sur le sud du bassin, malgré une légère amélioration sur le Var et les Alpes-Maritimes, les sols restent secs sur la quasi-totalité du littoral, voire très secs en Camargue et dans l’Aude. Les sols restent humides sur la moitié nord de la région PACA.

La recharge a débuté pour les nappes réactives de Bourgogne-Franche-Comté, avec des niveaux proches des normales à hauts. Les nappes inertielles du couloir Saône-Rhône présentent toujours une tendance générale à la baisse, les pluies efficaces pouvant mettre plusieurs semaines pour s’infiltrer en profondeur. La recharge se confirme dans l’Est-Lyonnais, et s’amorce localement dans le nord du Bas Dauphiné.

Les apports conséquents de ce début de période de recharge permettent aux nappes alluviales du Rhône inférieur et de ses principaux affluents d’atteindre des niveaux proches des normales à hauts. Les tendances restent à la baisse sur les nappes du littoral, avec des niveaux globalement inférieurs aux normales des Pyrénées-Orientales au Gard. Malgré une légère amélioration par rapport aux années précédentes, les niveaux des nappes des alluvions de l’Aude, de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières restent bas.

Au 1er novembre 2025, 5 départements du bassin Rhône-Méditerranée ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction des usages de l'eau. 3 départements, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales, ont des secteurs avec des mesures de restriction de niveau crise.